La clé perdue de ton regard

Sur le chemin qui nous menait
Là-bas, à la terrasse du café,
Nous marchions.
Je fixais mes pas,
Cherchant dans leur cadence
A effacer la frustration grandissante
Qui m’écrasait.
Toi, tu regardais au loin.

Nous prîmes place sur la terrasse,
A la même table de toujours.
L’échange vif du matin,
L’incendie de tes mots
Progressait, ravageant
Les plaines tendres de mes illusions.
Tu les désertais,
Tu en étais déjà loin.

J’aurai voulu reprendre
En son cœur notre conversation,
Arracher cette brûlure, ce feu
Qui avait envahi mon corps,
Qui paralysait mon esprit.
C’était impossible.
Et puis parler n’aurait été du matin
Qu’un écho dérisoire, déjà loin.

Je cherchais sans la retrouver
La clé de ton regard fermé,
Dans les plis de cet horizon
Qui se défroissaient pour toi,
Qui mortifiait ma force
Dans cette brusque certitude
Que je n’y serai pas.
Condamné à ici. Et toi au loin.

Soudain, sans toucher ton café,
Sans un geste de la main,
Ton fauteuil a crissé sur les pavés.
L’ultime coup de tonnerre.
Une dernière foudre
Sur un désert de flammes.
Tout s’effondrait.
Tu le rejoignais, au loin.




Ecrit par Fregat
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