Le poète cordonnier

D'un caractèr' trés bon
Je fais la mule et le sabot
Et pour Achille les talons
Sans rien connaitre des chevaux;
Pour toute ma clientèle
J'ai un pied beau à mon enseigne
Pour qu' bientôt les cul-de-jatte
Viennent chez moi en toute hâte.
Je chausse ainsi avec malice
Le pied de grue, le pied de biche
En me riant d'un pied de nez
De toutes les difficultés.
Je fais un métier qui me botte
Et que jamais je ne sabote;
Et en poète cordonnier,
J'aim' les octo pour leurs huit pieds.

En ch'ville avec chacun,
J'ai un pied dans tout's les affaires:
Q'il soit anglais ou bien marin
J'les connais tous même sous terre.
Des pieds, yen a en paquet:
Des pieds d' veau, des pieds d' cochon
Yen a qui en sont trés gourmets
Mais moi j'en ai l'indigestion.
Lors pour mon steak que j'aime tendre
Je me mets au pas, à vos pieds,
Et tapant du pied sans attendre
Je bats la s'mell' de vos souliers.
Je fais un métier qui me botte
Et que jamais je ne sabote;
Lors en cordonnier chansonnier,
J' ficell' des poèm's de huit pieds.

Je fais des pieds, non des mains
Ça suffit à mon turbin
Grâce à moi les psychopathes
Sont bien dans leurs godasses;
Je prends tout au pied de la lettre,
Je suis à pied d'oeuvre et mon maître
Me fait du zèl' sans ambition
Pour rester dans mes p'tits chaussons.
Je fais un métier qui me botte
Et que jamais je ne sabote;
Lors en poète cordonnier,
J'aim' les octo pour leurs huit pieds.
Je fais un métier qui me botte
Et que jamais je ne sabote;
Lors en poète cordonnier,
J'ficell' des poèm's de huit pieds.



Sur une ligne mélodique de Cosette




Ecrit par Louis Vibauver
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