Théâtre de gare


Dans les fibres noires de ton châle brodé,
Je retrouve les traces de notre rencontre.
Je repense à l’attente qui nous a malmenés,
Ces instants naufragés au chevet de ma montre

Je me souviens tes bottes flottant sur le pavé,
Ta démarche gracile dans la folie urbaine,
Et moi, qui t’observais de mon rêve éveillé,
Me répétant le texte de la prochaine scène…

Trois coups sur le bitume…Le rideau s’est levé
Sur tes yeux me cherchant pour un acte à jouer.
J’ai bien failli déguerpir, prendre la tangente
En ce jour de première et d’angoisse permanente.


Je me suis avancé, quelques pas hésitants,
Parmi les voyageurs devenus, pour un temps,
Les spectateurs passifs de ce songe habité,
Tant de fois suffoqué dans mes nuits morcelées.

Je ne me souviens plus les mots que l’on s’est dits
J’avais besoin de toi, de ta peau contre moi
J’ai glissé mes deux mains sous ton chemisier gris
En effleurant tes hanches du bout de mes doigts.

Nous n’étions plus que deux, sur le quai de la gare
Les lumières s’éteignaient sur ces gens si pressés
J’avais au coin des yeux les vestiges salés
D’espérances gâchées et d’années d’isoloir.

Quand tu es repartie, le lendemain matin,
L’horizon éclairci par cette nuit volée
J’ai rejoué les notes d’un air à quatre mains
En respirant le châle que tu m’avais laissé…






Ecrit par Aodren
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