Une vocation contrariée

C’est le grand jour
Pas un ne manque
Au rendez-vous
Du bon Docteur
Mac’Adavre

Le premier malade n’eut pas
À patienter les autres pareil
Les pieds devant, l’âme en enfer
L’enfant avait la vocation

Tout petit déjà Aloysius
Avait le nez pour mesurer
Il avait le chic du scalpel
Un maniaque du travail bien fait

Mais on ne plaisante pas
Chez les Mac’Adavre
C’est une famille de pontes
Chez les Mac’Adavre
Croque-morts ça fit un froid

C’était un jardinier de marbre
L’âme chevillée au sapin
Il embaumait comme personne
Point avare de belles larmes

Mais on ne plaisante pas
Chez les Mac’Adavre
On n’aime pas les artistes
Chez les Mac’Adavre
On fait médecine

Il fréquenta la faculté
Il voulait être légiste
Un moindre mal pour Aloysius
Quelle infortune ! A l’hôpital

On le fit obstétricien-chef
Mais les pères sont des ingrats
Mac’Adavre devint gériatre
Une spécialité qui lui sit*

Avec lui ça ne trainait pas
Les héritiers ont peine à voir
Trop longtemps souffrir un parent
Surtout quand il a des biens





C’est le grand jour
Pas un ne manque
Au rendez-vous
Du fou Docteur
Mac’Adavre

Le père Magloire qu’avait pleins d’sous
Et La Germaine pleins d »soucis
Avec son époux enlevé
Par petits bouts et tous les autres

Porte close de l’intérieur
Le nourrisson dans son bocal
Grimace au bon vieux toubib
Occis Dans les voiles des spectres

Mais on ne plaisante pas
Chez les Mac’Adavre
On étouffa l’affaire
On expédia Aloysius
En solennelles pompes

C’est le grand jour
Pas un ne manque
Au rendez-vous
Du vieux Docteur
Mac’Adavre

Dans le cortège Ambroise
Le fils ainé de son état
Légiste…
Et les absents…
… morts d’une vocation contrariée


* Je l'aurais bien mis au présent mais vu qu'il est mort je conjugue au passé simple et tant pis si le Bécherelle ne l'autorise pas ! <br />
Merci Eve (§ les commentaires)


Ecrit par Ann
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