Frères humains…


Je lis Villon, mes bonnes gens,
Sachant ce qu’écrire veut dire,
Aux froids hivers, sans feu ni gants ;
Vous tous ! admirez son délire !

D’abord coquin, bientôt maraud,
Assassin, mais toujours trouvère,
Eructant, rimé d’un seul rôt,
Le sel d’une époque sévère,

Il est l’exemple, il est le roi
Des peintures dites en rimes,
Coquillard, chiant sur la loi,
En ces temps de croix et de crimes !

Voleur fieffé, cyniquement
Malandrin, violeur - c’est un monstre ;
Il tue, il pille, il gruge, il ment !
Mais le moyen-âge qu’il montre,

C’est le vrai ! Celui de ces cours
Des miracles ; ses camarades
Etant tôt hauts pendus - et courts -
Ou subissant les estrapades,

N’auraient pas renié ses vers
En allumant aux pieds la paille
Pour torturer moines et clercs
Et du butin faire ripaille !


Villon, vilain, maigre et retors,
Que fais-tu dans les cimetières ?
Détrousses-tu même les morts
Jusqu’après leurs heures dernières ?

Et, forçant la muse Clio
A succomber sous ton génie,
Belle ingénue, avec brio,
Et qui se pâme - et qui le nie,

Marques-tu le texte à jamais
Du tempo puissant de ton siècle ;
Gueux cruel, méchant homme, mais,
Aède immense ! aux ailes d’aigle…




Ecrit par Salus
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