Le géant vert

(Fable)


Sorti du gouffre ou de l’enfer,
Il dominait les vastes plaines
Des grandes forêts canadiennes;
On le disait: géant de fer.

Mal-aimé; ce grand conifère
Faisait continûment ombrage
À tout son large voisinage,
Mais il ne s’en souciait guère.

Son proche voisin Arbrisseau
Se plaignait las d’être si près
De ce géant nommé Cyprès
Toujours ogre, mais bien puceau.

Un matin, il lui demanda
Très poliment s’il pouvait prendre
Un brin de soleil et s’épandre
De tout son corps sans embarras.

Le géant vert le regarda
Hautement de ses trente mètres
Et lui cria de tout son être
« T’es sonné ou quoi p’tit fada. »

Arbrisseau ravala ses mots
Sachant très bien qu’il n’aura rien
De ce narcissique vaurien,
Arbre d’infortune et de maux.

Un jour, durant une tempête
Un vent s’abattit sur la plaine
Causant calamité et peine
Chez les braves feuillus nu-tête.

On annonça sur Internet
Un blogue venu d’Indochine:
« Jeune Arbrisseau pliant l’échine
Devant Cyprès qui cassa net. »

Se vanter d’être le plus grand
Ou parfois d’être le plus fort
Nous rappelle bien qu’on ait tort
De se prendre pour un géant.


Tous droits réservés © Claude Lachapelle / juillet 2017

Ecrit par Claudel
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