Citroën



La traction noire était entrée chez nous
comme par inadvertance
avec d’autres objets trouvés dans une brocante.
Délaissée d’abord sur le coin d’une fenêtre
elle a peu à peu pris de l’importance
au point de se prélasser, conquérante
dans l’atelier, au milieu d’un tableau,
prenant trop de nos rêves et de notre temps,
évoquant chaque soir de nouveaux souvenirs
du commissaire Maigret ou de la Résistance.

Jusqu’au jour où,
Jusqu’au moment où
Une D.S. décapotable gris métallisé
avec des chromes éclatants et des sièges de cuir rouge
est passé en chantant devant notre porte,
traînant un marié roux, une mariée chinoise,
des hauts de forme, des queues de pie,
des bouquets blancs,
des robes avec des nœuds ou trop courtes,
des rires difficiles
et une suite de petites Deux Chevaux de toutes les couleurs.

Notre cœur s’est arrêté, le monde a basculé
en cet instant magique.
La traction noire, penaude, a repris sa place
dans l’image, au fond de l’atelier.
Alors nous sommes partis à la conquête de cet être mirifique:
Une D.S. décapotable gris métallisé
avec des sièges de cuir rouge,
Courant chaque week-end de déceptions en aventures,
Franchissant les frontières
adhérents à tous les clubs,
En parlant chaque jour
Y rêvant chaque nuit.

Jusqu’au jour où,
jusqu’au moment où
nous avons rencontré, aimé, bichonné
une délicieuse Acadiane
qui, au lieu de mariages,
transporte nos amours
tout autour de chez nous.






Ecrit par Martial
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