Exorcismes

Et cette eau trouble s'écoule
Sans cesse au fond d'un cauchemar
Où la mort te précède,
Eau sournoise des baptêmes oubliés,
Eaux des buissons d'épines cruelles,
L'eau aux mains baignées de sang,
L'eau des galaxies aux bouches sanguinolentes,
Le sang bouillant des volcans maudits,
Le sang bleu des amours empoisonnés,
La blancheur létale de ton corps
Dans l'océan aux cernes d'ingratitudes,
Les noirceurs des linceuls blancs,
Le deuil de tes yeux noirs,
L'ombre de ton deuil qui froisse
Les blancheurs des bois,
Ces bois qui flambent dans les nuits rouges
De tes passions
Bientôt dispersées comme des escarbilles.

Les murmures des buissons
Annoncent-ils la fin des temps,
Quand ton souffle s'évanouit
Dans ce bois qui ondule
Comme une chevelure d'ébène ?
Et ce feu si sournois
Des cités oubliées sous la lune
Dans les déserts mauves de l'absence,
Où la souffrance précède
Toute naissance comme avortée,
Parce que l'inhumaine nature
Est un réceptacle de sang,
Où la souffrance jaillit en rigoles au long des failles,
Transmet l'étincelle incendiée,
L'air, le vent attisent les flammes
Comme si une hantise de destruction hâtive
S'immisçait dans l'éclat du temps,
Là, le chaos mugit
Sourd et aveugle
Destructeur des atmosphères
Et de mille mondes abolis,
Pour que l'homme pubescent
Comprenne qu'il n'est nul espoir
En la terrible rigueur des sphères,
Pourtant, la femme a mis au monde
L'espérance bleue et précieuse
Dans un rêve de turquoise
Mais pourquoi ?
Pour le délaissement de l'âme,
Pour la quête d'un dieu fou,
Pour la violence des pins flambants ?

Lentement,tu reprends ton souffle
En quittant la forêt d'ébène
Avec tes cheveux blanchis par l'effroi,
Les ténèbres se troublent enfin
Dans l'eau noire d'un miroir
Et ton regard se tourne vers l'aurore.



Jacou et banniange




Ecrit par Banniange
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net