Virus Accidentel

Se sont-ils tous enfuis, ces poètes, mes frères ?
Ont-ils été bannis de nos fières capitales,
Pour qu’on cesse d’entendre leurs discours visionnaires,
Leurs phrases acérées, leur prose de métal ?

Tranchant avec fureur, d’une plume incisive,
La terrible langueur de nos âmes inactives,
Ils plongent dans nos cœurs leurs mots inconfortables,
Avec une ferveur parfois insupportable.

Ils sont toujours vivants, mais silencieux témoins
De notre servitude, ménestrels, baladins,
Virus accidentel dans l’Internet béant,
Ils se chargent des mots qu’on lira dans cent ans.

Aujourd’hui, quelque part, perdus dans les remous
De nos larges boulevards, de Wall Street à Moscou
Leur rime est accessoire, leurs rêves sont au clou !
Du reste, allez savoir, ils sont peut-être fous…

Malgré tout, obligés de poursuivre leur but,
Ces célestes clochards, illustres inconnus,
Au cœur des métropoles et de la pollution,
Observent les acquis de nos contradictions.

La plume les devance, au diable les brouillons
Et la morne insouciance des façades en béton,
Car dans la pestilence de nos compromissions,
Leurs mots sont, du silence, la saine émanation.

Et sur le bas-côté des civilisations,
Voyageurs égarés, ils se croient surhumains,
À tout jamais hantés par d’étranges visions,
Ils s’obstinent à rêver d’un monde plus qu’humain.




Ecrit par Bahria
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