Maman les petits batreaux qui vont sur l'eau

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L’eau, le vent, le sel, l’écume, le soleil :
la fluidité, l’impermanence, l’immensité.
A la lumière passent les couleurs.
le sel brule les douleurs et paye ses forfaits, mis en sac par les paludiers.
Les chants tristes des marins, les fortunes de mer.
Eole ordonne aux vents de se taire.
L’eau se fend, s’écarte, se vaporise en gouttelettes.
Elle joue, s’amuse et avale sa proie, par la proue les déchire.
A l’étrave glissent les jours.
Eole passe son tour et confie la barre à la brise.
L’empressement goulu du vent qui détruit en voulant trop embrasser !
Tapage d’enfers, sifflements dans les élingues, qui rend dingue les voiles déchirées.
Un oiseau gueulard descendu des cintres veut effrayer la baignoire en faisant croire à l’enfer.
Ça bout dans la marmite, la soupe est agitée par des sorcières en mal de sabbat.
Les garces, cheveux défaits, dents déchaussées, se contorsionnent nus pieds.
Elles veulent attirer les bateaux dans leurs danses de folles cavalières,
Hirsutes et dépravées, qui des épaves se rassasient en gonflant leurs ventres distendus …

« Maman les p'tits bateaux
Qui vont sur l'eau
Ont-ils des jambes?
Mais oui, mon gros bêta
S'ils n'en avaient pas
Ils ne march'raient pas.

Allant droit devant eux,
Ils font le tour du monde,
Mais comme la Terre est ronde,
Ils reviennent chez eux. »




Ecrit par Ray78
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