La crèche des miracles

Cette année encore, la crèche restera vide.
Les Mages ne viendront pas rendre hommage
A la Sainte Famille qui ne sera pas au rendez-vous.
Les bergers n’auront pas descendus Leurs bêtes.
L’âne et le bœuf resteront dans la boite à chaussures
Comme du reste tous les autres animaux de plâtre.

A la Saint Nicolas, on décorera tout de même le sapin
Avec des noix, des oranges piquées de clous de girofle
Des babioles, des lumières... Un vrai sapin
Qui sentira la résine et répandra ses épines
Dans la maison jusqu’au cœur du printemps.

Je cherchai une bille de bois pour l’Avent
Que je décorerai de bougies,
de feuilles séchées et de mousse
Une tradition que je ramenais d’une autre vie.

Au fond de notre jardin,
un houx poussait à l’angle
du bûcher-buanderie,
Anciennes écuries, vilaine bâtisse
Qui ne servait plus à rien d’autre
Qu’à entreposer le mobilier d’été
Et les restes de mon déménagement.

Une main sur le loquet de la porte à deux vantaux
Bouffés par l’humidité et les termites,
J’entendis un bruit de course précipitée
Des mulots sans doute !

Entre le billot et la chèvre
Sur un lit de cendres et de copeaux
Un petit bonhomme
Les poings sur les hanches
Encadré d’un rat efflanqué
Et d’un putois éclopé
Me regardait désapprobateur :

– Petit, insignifiant
A ton cœur indifférent,
Tu as failli à notre amitié.
Sans la chaleur de ces bêtes
Je serais mort de froid, de faim
Et d’abandon mais je te pardonne.

Cette année, dans la crèche,
Entre un rat et un putois
Un lutin s’est endormi
Minuit sonne la veillée de Noël
Une chauve-souris pendue au râtelier
Dans la mangeoire un aspic lové.


Ecrit sur le pouce...

Ecrit par Ann
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