La jarre

Sous le toit d’une lasse poésie,
Rentre le vent par des portes anciennes
Et d’innombrables gouttières s’enfuit
L’âme des fruits que des coupes contiennent.

Sur une table de bois et de pierre
Un vase est posé depuis bien longtemps,
D’un bouquet mort est tombé en poussière
Un feuillage bistre qui fut vert franc.

Là un vieil homme dont la main frissonne,
A la lanterne et assis dans l’obscur,
Sous le vague ennui du soir déraisonne,
Ecrit tercets reflétée sur les murs.

Mais soudain par la fenêtre morose,
Luit la lune qu’il y a incanté,
Tremblotante d’or sur les arbres roses,
Eclairant du vieux les belles années !

Alors sa plume se met à verdir
La maison qui retrouve ses vingt ans
jusqu’à la jarre où viennent refleurir
Deux ancolies, aux longs pétales blancs.




Ecrit par Fregat
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