Le boulanger la boulangère et le jeune mitron



Le boulanger en son métier excelle
Au point du jour , l'ardeur le met en selle
Point de répit au long de la semaine
Car l' obsession de la boulange est reine
De bon matin dans son fournil il chante
Et les grillons n'ont qu'à bien se tenir
C'est pour cacher une peine méchante
Pour oublier un triste devenir
Le souvenir de sa femme le hante
Son doux bonheur saura t ' il revenir ?

Que chantait la boulangère
Ce matin au saut du lit ?
Que son mari la délaisse
Que d’elle il n’est plus épris

Il la quitte à la sauvette
Au beau milieu de la nuit
Elle est seule sous la couette
Et son amour dépérit

A le tromper elle est prête
De caresses se languit
Car depuis belle lurette
Sa chair douce il ne pétrit !

Au four, il prodigue flamme
Mais à l’épouse nenni
C’est un procédé infâme
De son âme, il est banni

Il se donne à son ouvrage
Il travaille, enfourne et cuit
Elle pleure et elle enrage
Toute seule en son réduit

Qu’a donc fait la boulangère
Au beau milieu de la nuit
Courant en tenue légère
Oubliant tous ses ennuis ?

De paroles mensongères
En ragots, moi je ne puis
Accabler la boulangère…
Mais, tant pis pour son mari !

Sous le croissant d'une lune complice
L' oeuvre de chair fut hélas accomplie
C'est le mitron au pays des délices
Qui lui chanta et vêpres et complies !
Pourtant là-bas devant le four féroce
Qui embrasait le fournil laborieux
Le boulanger, sans penser au négoce
Lui préparait des croissants délicieux !

Pauvres de vous qui n'avez plus de plage
A consacrer aux plaisirs du déduit
Choisissez donc une femme bien sage
Ou vous courrez à de graves ennuis !




Ecrit par Kallistea
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