Cloître et nuées


Si solitaire en son linceul communautaire,
Un arbre au désert,
L’être humain se côtoie en oubliant son frère ;
Ce non-sens dessert !

La multitude exile, à l’immense troupeau,
Toute âme éperdue,
Et toute perle noie à cette mer son eau ;
Mâle foule indue !

Pullule, peuple ! et vaque, ô marée impassible !
Tant sont grands tes rets,
Rares contre-courants, vous voir est impossible,
Vagues mascarets !

Comment diantre voir l’autre ! au mouvement heurté
De la fourmilière ?
En dépit de la pause où l’on boira le thé
Au débit de bière,

Ilouelle, étranger, par sa tasse ou sa chope,
S’attache ou s’enfuit
Et c’est particulier, un esprit qui s’achoppe
A quelque outre, et duit !

Il s’assemble, le nombre, en d’énormes cités ;
Nous, cet être étrange,
A ces liesses absents comme aux félicités,
Le million nous mange !

Le miracle est qu’on se rencontre, à cette houle !
Quel hommage aux gens,
De voir cette magie où l’amour se déroule
En flux résurgents…

Mais le bonheur, si l’on ne triche, est l’exception
Au sein de sa ruche
Où l’on s’entiche et s’offre un plaisir comme option,
Une coqueluche !

Si tout être est une île et chaque île déserte,
L’esprit social froid,
Amputé, le grégaire est, sans une âme offerte,
Instinct maladroit !

Seule ainsi se désole, au beau milieu des siens,
Goutte aveugle aux pluies,
Cette note si sourde à tous ces musiciens ;
(Avant que tu fuies !)




Ecrit par Salus
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