Surplomb


Le soleil de mon automne
Que fuit la Parque des soirs
Tombe où cet orage tonne,
Monotone, aux grands cieux noirs

La finalité s’approche,
Fruit du blanc rire des morts,
Et mon prêche morne croche
Leurs mâchoires comme un mors.

Je sais, glissant dans le vide,
Le futile effort des nerfs
Qui s’agitent, vent torpide,
A la fin des souffles chers ;

J’ai vu bientôt disparaître
Tant de visages aimés,
Dans la fatalité traître
De nos futurs de damnés,

Que Dieu me gratte et m’évite
Comme un chancre sur le nez
Et l’espoir en l’art me quitte :

- Et tout nous lâche, avançons !

D’autant que l’homme ne l’aime
Pas la vie, et ses façons
Tiennent d’un atroce schème
Où l’on sent pulser le cil

D’une fleur laide et maligne
Qui pousse sous le grésil
Du temps, que le Diable signe
Du plus fourchu de son pied.

- L’avantage qu’on respire,
C’est que si la vie y sied,
Il est bien meilleur que pire

De survivre encore un peu

En tous les cas l’hydre immonde
Est vigilante à son jeu
Et saura voler le monde

De chacun comme de tous ;
Tout n’est que cette patience,
On a toujours peur des loups,
Des lueurs de la garance,

Et d’être absolument seul
Dans l’absence de son âme
Au linceul d’un noir de khôl
Qui nous guette et nous condamne…




Ecrit par Salus
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