Pierre et Sandra

Heureux celui qui maintiendra
Ils s’appelaient Pierre et Sandra
Elle vingt ans et lui quadra

Elle une maîtresse maussade
Lui un riche marquis de Sade
Outrecuidant. Une façade

Blanche aux implacables volets
Doublés de rideaux violets
Abritait leurs moments volés

Dans un grand lit à baldaquins
A l’heure indue où deux faquins
Se retrouvent et ne font qu’un.

Elle enivrait les plis des draps
Avec un baume de cédrat
Et se disait « Quand cédera

Son cœur à l’appel de ma flamme
Et comme le mien le réclame
Il disposera de sa femme >>

Le matin fardant ses paupières
Son premier songe était pour Pierre
Mais ce traîneur de rapières

Poignard avide aux mille cibles
Transperçait les âmes sensibles.
Bientôt leur amour impossible


Finit au fond d’une poubelle
Il la quitta pour Jezebel
Une Vénus plus jeune et belle.

Qu’est-ce que ce récit illustre
Sinon qu’il est précaire et frustre
De s’accrocher aux bras d’un rustre

Même avec une guêpière
Et du fard sur les paupières ?
La suite nous montre que pierre

Qui roule n’amasse pas mousse
Lui avec sa belle frimousse
Comme une statue qui s’émousse

Souffrit tantôt d’être un vieux-beau
Il vit sa beauté en lambeaux
Tant bien sa gloire et son tombeau

Devenir l’objet familier
De quolibets par milliers
Il finit laid et humilié

Quant à elle, trente ans encore
Versant les larmes de son corps
Pour son amant sur le décor

Du lit à baldaquin, Sandra
Encensa tristement ses draps
Avec son baume de cédrat.




Ecrit par Laurent7869
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