Voie et venin





Une chaleur, c’est insensé, remonte
Comme une vague, un flux de ce puits froid,
Ce trou sans fond où se niche la honte
De n’être rien moins qu’inutile : étroit !

Sphinx de l’écrit, seul gourou de ma secte,
Disciple unique, à ce mouvement pur,
Métonymique où l’esprit ne prospecte
Que tâtonnant, j’avance vers l’azur !

Vent vieux qui souffle en courbant chaque tige,
Gonfle la voile inscrite de ces mots,
Mortel meltem qu’éructe un vague strige
Pousse ma barque aux flots paroxysmaux !

Que mon mental à la tempête enfonce
Sa sombre étrave au mouvant flot d'étain,
Car en Narcisse et plus léger qu’une once
Je mire, aux mers, le futur trop certain :

Nul n’atteindra quelque île en ce voyage ;
La terre ferme a le froid du tombeau
Et regarder avec les yeux de l’âge
Le continent s’approcher n’est pas beau.

Pour mieux monter du creux jusqu’à la crête
Et voir au loin l’horizon déchiré,
Ne pense pas, et jamais ne t’arrête
A quelque son fiévreux des eaux tiré…

Sa malice use et Sirène est marine
Mais elle est née au fond de ce désir
Trouble où notre âme est là qui s’enchagrine,
Cherchant un arbre, un ombrage où gésir.

La nostalgie, horriblement piégée,
Au goût de miel doucereusement bon,
Hors d’océans, mais sise en mer Egée,
Fait d’un Ulysse un malheureux barbon…

Je vais et viens, j’avance et je recule,
Tout m’est, qui tient de tempête et de force,
Obstination secrète de la mule
Et tout mon bois de frémir sous l’écorce !




Ecrit par Salus
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