Mémorial amoureux

Les voyageuses du matin
Ont le regard perdu au loin
Vers les hautes falaises blanches
Où tant de souvenirs s’épanchent.
De ses vigoureux coups d’archet
Le vent réveille leur passé.

Leurs cheveux emmêlés au lierre,
Au bord de la douce rivière
Elles tressent des chants d’amour
Qui volent vers la tour brumeuse
Où planent d’inquiétants vautours,
Et ricanent les pies voleuses.

Dans les combles où se morfondent
Les Grands Ducs des rêves enfouis,
Leurs voix éveillent à la ronde
Les ombres des amants transis
Qui traînaient dans ces vieux bahuts,
Dans ces courriers de cœurs perdus

Qu’elles lisaient le soir venu
Sous les murmures des chandelles
En songeant aux beaux inconnus,
Dans de lointaines citadelles,
Penchés sur leurs désirs fiévreux
Avivés en lettres de feu.

Les voyageuses du matin
Ont contemplé Vénus au loin
Qui chaque jour s’éloigne un peu
Et emporte leurs amoureux
Pour la dernière traversée
Quand la bougie se fait fumée.




Ecrit par Banniange
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