Ouessant

Rien, ici, n'arrête le silence,
Depuis l'abîme profond des cieux
Jusqu'aux rocs où l'océan s'élance
Dans le mugissement ténébreux
Des vagues toujours recommencées
Où roule l'infini du lointain,
De ces vagues cent fois déchirées
Où bondit et se meurt le lointain.

Il vient parmi l'air insaisissable
Un souffle qu'on croirait d'un géant
Egaré sur la lande immuable,
Un souffle accouru de l'océan,
Qui hulule, qui siffle et qui pleure,
De la porte close au bord du toit,
Du jour à la nuit, heure après heure,
De seuil en seuil et de toit en toit.

Le temps passe, éternel, immobile,
Emportant le fugace ondoiement
Des nuages sur l'herbe gracile
Sous l'aile en clair-obscur du couchant.
Le temps est étendu sur la grève
Où veille seul le phare, là-bas,
Quand sous les embruns le pas s'achève,
Déjà s'endort le phare, là-bas ...




Ecrit par Ombrefeuille
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