Dans tes petits papiers

L’air de rien, je me plie à la loi du papier,
Lorsqu’il crépite au feu de tes exaltations.
Je me tords sur le tard et m’empourpre les pieds
Sous ton souffle, rougit mon allitération…

Puis roulant sur ta langue, le papier mâché,
Gorgé entre tes lèvres, l’encre des mots dits,
Appelle entre deux râles à l’un des sens cachés,
Où le toucher s’accorde aux formes arrondies.

Calqué sur les volutes aux senteurs vanillées,
Qu’un papier d’Arménie exhale de sa transe,
Mes doigts sinuent, disciples de tes pas de danse,
Que l’on croirait entendre au point d’en vaciller.

On dirait le vélin d’une peau raffinée,
Révélant au couchant d’infinis filigranes,
Comme autant de lumières au milieu des arcanes,
Où je me plais souvent en des lieux confinés.

J’ai le cœur chiffonné par ces papiers buvards,
Qui me jouent sur le pont des airs d’accordéon,
Déserts d’accords dentelles happés sous les néons,
Et dont ta résistance est le dernier rempart.

Dans tes petits papiers, ma plume prolifère,
La pluie ne fait que taire, au risque d’essaimer,
Des lettres en coulées, des décors consommés,
Des spectres animés sur un papier de verre.




Ecrit par Aodren
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