Les roseaux

Est-ce que je t’ai parlé, un jour
De cette fée cruelle
Mais tellement belle
Qui m’envouta pour toujours
Rencontrée au bord de l’eau
Quand le soleil rase le roseau

La pluie danse sur l’horizon
Tu vois celui de ma déraison
Elle inonde mon tombeau
Par les silences pliant le roseau

Je bouscule le poème
Pour celle que j’aime
L’instant d’un rêve
L’instant en univers

Est-ce que je t’ai parlé, un jour
De cette note de musique qui éveille
Volant entre nuages et le ciel
Elle me perturbe pour toujours
Bloque mon pas sur le trottoir
Me plongeant en désespoir

Et cette neige qui se fige en linceul
Tu vois nous sommes seuls
Elle glace mon corps putréfié
Au fond du cercueil vitrifié

Je bouscule les je t’aime
En d’obscurs poèmes
L’instant d’un rêve
L’instant d’un univers

Est-ce que je t’ai parlé, un jour
Qu’au rocher j’ai fait l’amour
En bernique je m’y étais accroché
Mais cette pierre m’a rejeté
Réfugié dans un bar
J’ai picolé en salopard

Le bitume craque sous ton parfum
Mon sexe se dresse en destin
Et sous le verre de ma lunette brisée
J’entrevois les chemins hérissés

Je bouscule le poème
Pour celle que j’aime
L’instant d’un rêve
L’instant brise l’univers

Est-ce que je t’ai parlé, un jour
De la voix, en chant, qui accompagne
Du fond des terres de ma Bretagne
Une lande s’inclinant sous les vents
Musique infernale des tourments
Aux veuves qui vont avoir enfant.

La coque est broyée sous les brisants
Le violon pleure l’instant d’un rêve
Quand l’univers danse sur le roseau
Tes larmes se nourrissent de mon caveau.

Mon amour...
Je t’aime...




Ecrit par Rousselot
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