Stéphane et Paul

Stéphane enseigne à Sens les mots de l'Angleterre
Enveloppé d'un plaid pour les neigeuses plaines
Il sait qu'on rit sous cape à son nom d'autres terres
"Mallarmé" prête à rire, la France en guerre est pleine

"La Lune s'attristait. Des séraphins en pleurs"*...
Son poème prend forme ainsi que l'âme en peine
Qu'il s'est faite au soin de rendre toute l'ampleur
De la tristesse en deuil d'un ami veuf de reine

Le collège est morne où la cathédrale est belle
L'Yonne coule le long de ses berges ornées d'arbres
Le poète y sent que sa saison de label
Est l'hiver rude où l'esprit devient un dur marbre

Plus tard il aura pour ami un Paul Verlaine
Dont la trille légère est un jet d'eau d'extase
Paul est chanteur comme Stéphane est un Héllène
Taillant ses vers rêveurs dans un langage au vase

Ce vase a contenu des formes les plus rares
Il va au dictionnaire en doublant l'émotion
Faisant miroiter les mots avec un sûr art
Chaque son ayant son reflet dès l'émission

Paul est plus musicien, il est original
Il joue avec ses vers, variant à l'infini
Très peu sévère ou bien songeur, c'est au final
Qu'il révèle combien son jeu est d'harmonie

Sens et Paris ne sont guère éloignées, ces villes
Où la poésie prend source au siècle dix-neuf
Pour révolutionner l'art d'un Boileau civil
Tendre à Eluard la torche où porter le vers neuf

Et, pendant ce temps là, au désert du Harrar
En Afrique, un homme a de l'or plein la ceinture
L'aventurier renie les poèmes bizarres
D'un adolescent qu'on nomma Rimbaud Arthur...

(*Premier vers du poème "Apparition" de Mallarmé)




Ecrit par Jacou
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