La sieste
Je m’en moque bien de la tondeuse qui broute
Sur un air de ferraille une pelouse voisine
Du Paris-Granville qui siffle les riverains sur son passage.
Car je baille ma paresse aux nuages accrochés nonchalants au ciel.
Il fait bon sentir ce petit vent rafraîchir ma peau
Des rayons solaires endormis au creux de mes reins
Je me donne en offrande un paisible repos
Je m’en moque bien de la radio qui déroule
Nasillarde sa rengaine à quelqu’artisan affairé à l’ouvrage
De l’importun qui gratte insistant à mon portail bien ferme
Car je gobe les parfums de la glycine et du lilas finissant de faner
Il fait bon sentir cet après-midi le mufle humide
De mes chiens contre mes jambes abandonnées et nues
Je m’accorde en solitaire un fameux somme
Je m’en moque bien du camion portal qui s’évanouit
Loin sur la Nationale douze encombrée d’impatientes autos
De la cloche qui marque l’heure du goûter et des devoirs
Car j’étire ma vieille carcasse rouillée sur les herbes folles
Il fait bon de n’avoir en compagnie qu’un livre muet de reproches
Et des songes improbables Voyages et de plaisirs égoïstes
Je m’offre en prolongation une délicieuse sieste.
Ecrit par Ann
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