Sur la console
Il avait,
Il avait un amour
Bien caché...
A le voir solennel
Pénétré de son rôle
Qui aurait deviné
Toutes les idées folles
Qui le faisaient frémir
Sous ce vernis sérieux
Et cette dignité
Dont il était paré!
Il la voyait apparaître,
Buste souple, triomphant
Comme était à sa fenètre
La belle infante d'antan
Et si raide fût-il
Dans la vie ordinaire
Il fondait de plaisir
Quand s'en venait le soir
Et que, dans le miroir
Apparaissait sa belle
Il la voyait apparaître
Joli papillon troublant
Comme était à sa fenètre
La belle infante d'antan
Bien trop collé monté
Pour se laisser aller
Il gardait son complet
Et serrait sa cravate
Mais se penchait un peu
Pour mieux la contempler
Il voyait dans un nuage
De frais satin bouillonnant
Se balancer le corsage
De son infante d'antan
C'est l'été qui soudain
Pénétrait dans la pièce
Ses entrechats joyeux
Réveillaient sa jeunesse
Le parfum de sa chair
Le grisait , l'attirait
Mais jamais il n'osait
Un geste déplacé...
Pour lui, pauvre misérable
Elle a dansé tout l'été
Quand rougit le grand érable
La belle s'est envolée
Dans le vent des feuilles mortes
Emportant son coeur brisé
Depuis lors sur la console
Rien ne peut le consoler
Ce vase, qu'une frivole
Fleur bleue avait envoûté !
Ecrit par Marcek
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