L'Aigle noir

Un beau jour, ou peut-être une nuit,

Sur ma toile je crevais d'insomnie

Quand soudain trouant mon corps de papier

Et comme mille fléchettes

Les oiseaux m'assaillirent



Le bec au clair et l'air farouches

Je les vis fondre comme autant de mouches

Comme naissant de mon chevalet

Et les pattes pleines de couleurs

Ils se posaient en anarchie



Il étaient tous combattants de l'ombre,

Et pattes bleues contre les rouges,

Combattant au coeur de la nuée,

L'oiseau roi courroucé

Menait ses troupes au feu



De son aile il effleurait ma nuque,

Et passait sur mon front l'onction de son courage,

C'est alors que je l'ai reconnu,

Surgissant du passé,

Il m'était revenu,



Il me dit, ô l'oiseau, il me dit « dessine moi !,

En gloire, en majesté,

Comme avant, quand tu croyais en moi,

Quand tu cueillais sans crainte

Les fleurs rouges autant que les bleues,



Comme avant, dans tes rêves d'amants,

Où dans un lit tout blanc,

S'allumaient les étoiles !

Après quoi tu faisais ton portrait toute nue

Exposant ses merveilles ! »,



Puis l'aigle noir, me voyant interdite, dans un dernier soupir,

Prit son envol pour reprendre la lutte,



Tâche bleue sur fond rouge... qui fait noir

Hélas, les rubis ont gagné et sont repartis

J'avais froid, j'ai pleuré,

L'oiseau m'avait laissée

Muette au milieu de ma toile, sinistre champ de bataille



Un beau jour, ou peut-être une nuit,

Sur ma toile je crevais d'insomnie

Quand soudain trouant mon corps de papier

Et comme mille fléchettes

Les oiseaux m'assaillirent



Le bec au clair et l'air farouches

Je les vis fondre comme autant de mouches

Comme naissant de mon chevalet

Et les pattes pleines de couleurs

Ils se posaient en anarchie

Ecrit par Candlemas
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