Continent noir
Continent noir
De vos émois les émaux,
De vous à moi sont les maux
Qu’occultés vos sens produisent ;
Que de cultes et que d’huis !
Bien que fermés vos yeux luisent,
Tels aux trous qu’en rien n’épuisent,
Des eaux les fonds des pertuis,
Vos paupières sont étuis
De sentiments animaux.
Et jamais je n’ai pu prendre
Sur le fait ce hâle tendre,
L’ombre et l’ambre de vos miels,
A vos affres essentielles.
Ourlés, comme un arc aux ciels
Déroulés, ces ris véniels,
Ces acmés ( confidentielles
Voix de si douces agnelles )
Qui, ténus, se font entendre,
Sont, de vos mornes manoirs,
Les sublimes entonnoirs,
Par où passent et soupirent,
- Qui ne peuvent s’assoupir -
Les feux qu’effrois corrompirent,
Que des froids interrompirent.
Ces ors couvent sous le cuir,
Incorrodés, sans croupir.
Ô trésors ! mes anges noirs !
Que ce mot ne vous émeuve
Ni ne vous soit une épreuve ;
Tout ce mystère infernal
Nous rappelle où berna le
Sphinx, cet Œdipe banal,
Stade antique et terminal
Au supplice scandaleux
Où Tantale est tel galeux :
Toujours d’eau sa soif est veuve !
Les deux monstres en commun
Ont de ne rester à jeun
Que contraints par d’autres forces,
Diables inconnus, pieds tors,
Instigateurs des écorces,
Louches protections retorses
Qui maîtrisent et font mors,
Paralysant dans les corps
Ces flots où l’être n’est qu’un.
Que votre âme peu ductile
Laisse échapper de son île
Quelque escarbille des feux
Scintillants où l’amour feule !
J’en appelle à vos sens, ceux
Qui s’éveillent à mes vœux ;
Ainsi grisée, un peu seule,
Vous ravivez mon cœur veule,
Sensible, en clarté subtile…
Ecrit par Salus
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