Confidences de cité
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Hier
le poisson gravissait l'échelle du quai
que le marin bradait à l'assiette
Aujourd'hui
les étals sourcilleux détaillent le fruit de mer
traînant en longueur de juteuses pesées
Hier
la sueur trempait de notre A.S.E. les maillots
à l'esprit de clocher
Aujourd'hui
les gradins se dépeuplent fatigués
d'un amalgame de vedettes à la va comme j'te pousse
Hier
les trains bondés une horloge suisse dans le chouan
faisaient chanter les haut-parleurs
Aujourd'hui
les quais quasi déserts
grelottent d'attente à parfum d'éternité
Hier
les terrains vagues ô combien accueillants
retentissaient des rires en liberté d'enfants en ribambelles
Aujourd'hui
la télé vous confine la jeunesse
spectres muets devant l'étranger en image investissant les lieux
Hier
les porches discrets bénissaient à l'abri
les amours fleurissant dans les nuits étoilées
Aujourd'hui
la morale à l'âme élastique
vous accouple son monde sens dessus dessous la capote pour ange gardien
Hier
des processions transportées de ferveur
brandissaient leurs flambeaux faisaient pleuvoir le tégument de rose
Aujourd'hui
la rue tonneau percé se vide
murée dans un silence d'oiseau de mauvais augure
Hier
mon <i>chemin aux Vaches </i>au silex antique
écorchait les genoux en signe de vigueur
Aujourd'hui
l'asphalte compact éteint sans vie
s'abandonne à la roue qui l'écrase le meurtrit
Hier
chevaux tombereaux charrues moissonneuses batteuses
répandaient dans les airs souffles cliquetis ronrons de leurs travaux d'airain
Aujourd'hui
tout n'est qu'assemblage châteaux en Espagne
qu'en un tournemain fait sortir de terre le monstrueux engin
Hier
les seuils s'offraient aux langues
jamais en mal de causettes
Aujourd'hui
même pour voisins de paliers
les cages bétonnées ont des dehors d'oubliettes
Hier
la ville avait
un cœur
Aujourd'hui
erre
son fantôme.
Le 7 avril 1998.
Ecrit par Stapula
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