Grisaille



Grisaille







S’endormant, mes jours vont, l’air vivant, je perdure…



Les césures s’aggravent,

Leurs envers, sous ce vent,

Y soulèvent en vain cette érudite ordure…



Les nuits s’allongent sans projet,

D’un temps qui vient toujours devant ;

Les restes d’une vie embrèvent

D’éparses pièces et se gravent,

Comme elles livrent d’un seul jet

Les pages d’un feu sombre où des messages rêvent…



Il marche encore, Arthur, dans le soleil,

A la lumière des mémoires,

Aux lieux où nous allons mourir,

Ces endroits mystérieux que découvre un seul livre,

Et chacun de ses vers nous invente de vivre…



Rien n’est ici qu’on puisse secourir ;

Brille un ciel blanc d’un astre en flammes noires,

La nymphe y boit un suc à la lymphe pareil !



Sous le regard noyé de l’assassin,

A sa vision nacrée un poème succombe,

Comme en un globe exquis, d’un regard sans dessein

- C’est le contraire d’une tombe -



Alarmé de cette heure où repasse un désert

Je veux fuir mais je vais de l’avant lentement,

Et lassent les séquences…

Plus qu’absent je m’esquive à l’esquisse des transes

Mais je reste disert.



Et sache, spectateur, si ce mot lu te ment,

Goûter au sang de ces songes abscons,

Ces pandémoniums rubiconds,

Pour en voir le venin, l’amère procédure…



S’endormant, mes jours vont, l’air vivant, je perdure.







( Merci aussi, Apollinaire ! )









Ecrit par Salus
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