Arthur Rimbaud

Je fus un temps, écrivain public.

J’offrais à qui voulait mes services quelques bribes de jolis mots enroulés dans d’élégantes phrases.

Je n’avais pourtant aucun talent, je vous assure pas le moindre brin mais en revanche, je soignais dans ma paume, un poil long comme l’infini.

Il fallait bien que je vive car voyez-vous j’adore la vie, la sieste et le bon vin.

Pour me sortir des difficultés dans lesquels mon métier me plongeait quotidiennement, je n’avais pas un truc… Je possédais beaucoup mieux.

De ma poche, je ne sortais pas de vulgaire stylo.

Mais j’en tirai un petit bonhomme pas plus haut qu’une coquille de noix qu’un jour j’avais débusqué derrière mon compotier. Je lui avais fourni tout un attirail que j’avais volé à feu le cousin d’un dit Stapula, un poète.de ma connaissance.

Une bibliothèque, un banc, quelques fauteuils et un bureau en bois de pinces à linge… faisait le bonheur d’Arthur.

Arthur, c’était le petit nom de mon nègre ; il s’afférait avec cœur à ces horribles tâches d’écriture. Quand il avait terminé, il tirait le cordon d’une clochette que j’avais bricolé à partir d’un dé à coudre. Je l’attrapai alors par une oreille pour le cacher au regard de ma clientèle dont j’empochai l’oseille. C’était là le principal avec tout l’intérêt de la gloire.



Ecrit par Ann
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