L' écueil

Cet écueil sur lequel tous les courants se brisent

Est comme une effigie, mon sosie sans méprise ;

Déchiré par la lame, ciselé en lambeaux,

Erodé par les eaux, battu par les rouleaux,



Fondu dans la nature et les pieds bien en terre

Il garde les valeurs les plus élémentaires.

Assailli par l'embrun, tailladé par le vent,

Son habit de granit combat les éléments.



Les pieds sont bien ancrés contre toute dérive ;

Il est seul et s'élève au milieu des eaux vives,

Il observe rêveur et songe austèrement

Que tous ces mouvements sont la source du vent.



Ouverts à tous courants d'idées même trés vagues

Qui déferlent sur moi, m'imprègnent et s'élaguent,

Je résiste, robuste, à ces entrainements

Conservant mon essence en dehors de tout temps .



Conserver son essence, c'est garder ses racines,

Ne jamais renier son état d'origine.

Sans perdre mon être, je me colore aux tons

De l'aurore ou du soir du jour de la saison .



Sous cette carapace en forme de cuirasse,

La voix rocailleuse est comme un glas qui vous glace

Et pourtant sous tous ces biens austères atours

On devine et pressent la tendresse et l'amour.



Cet écueil sur lequel tous les courants se brisent

Est comme une effigie,mon sosie sans méprise :

Je suis comme ce phare aiguillant les marins

Perdus et troublés par le chant des lamentins.



Je suis comme ce phare ,ébloui ,lumineux ,

La pause, le tremplin où l'albatros se pose

Pour emporter bien haut mes rêves dans les cieux

A l'abri des envieux et des métamorphoses .



Ecrit par Louis Vibauver
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