Tel mon maître vigneron...

On ne me lâche plus la grappe

Dès que l'on traite les "mil-dioux",

Et béni de quelques sulfates

A mes pieds on est à genoux.

On me présente tant de seaux

Que j'en ai vite plus qu'un grain

Et, mur et doré comme il faut,

On ne me coupe pas en "vain"

Mais tel mon maître vigneron

Ne poussez pas trop le bouchon.



Trés prude, je rougis dès lors

Qu'on m'effeuille au temps des vendanges

Et mes vertus que l'on adore

Dans bien des "cor-nues" se mélangent.

Beaucoup me prédise, devin,

Une robe à donner le change

Mais il me faut cuver sans fin

Pour espérer quelques louanges.

Et tel mon maître vigneron

Je travaille à ma mutation.



A prendre son pied, l'on me foule

Et trop pressé, je deviens mou:

Je suis bien sûr ainsi très "cool"

Pour faire des marcs après coup

On me traite souvent de cave

Pour que je bouille même cru

Et pour que je ne me déprave

Je reste de bois comme un fût.

Lors tel mon maître vigneron

Je n'aime pas trop les pochons.



Il n'est pas question de cépage

Lorsque l'on est millésimé

Et c'est toujours bien jeune d'âge

Qu'aux foires je suis médaillé.

Quand je sais vieillir à merveille

Je prends du corps et du bouquet;

Et comme j'ai de la bouteille

On me chambre au sortir des chais.

Lors tel mon maître vigneron

Je me mets au vert (re) sans façon.



Quand j'ai la cote comme il faut

Mon étiquette est très en vogue

J'occupe alors de beaux chateaux

Et le palais des œnologues.

Je sais bien me tenir à table

Où je trône comme un vrai roi

Car tous les sommeliers affables

M'octroient une place de choix;

Lors tel mon maître vigneron

On entonne quelques canons.



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Ecrit par Louis Vibauver
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