Comme une page

Comme une page que l’on tourne

Sur tous les mots qu’on a écrits,

Sur le passé je me retourne :

Un demi-siècle de survie !



Et je m’en vais, de chambre, en chambre,

Dans les couloirs de ma raison

Et, dans la cheminée qui flambe,

Je vois danser des papillons.



De la grand’nappe des nuages,

J’entends pleurer un violon :

Ce n’est que mon cœur mis en cage

D’où s’est enfuie ma déraison.



Si j’ai bâti <i><b>un pont de bois</b></i>,

C’était pour en jeter ma peine,

Dans la rivière je la vois :

Il pleut des larmes sur la Seine.



Dans le regard de mes poupées,

J’ai vu la lune qui rougit

Quand le vent court s’écarteler

Sur les rochers de ma folie.



Et le soleil, par les carreaux,

Vient réchauffer le diapason

Que j’ai posé en bibelot

Sur le piano de mes saisons.

Ecrit par Antigone
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