Requiem

Là, devant mes yeux

Se posent des riens,

Des touts silencieux.



Des routes inutiles,

Des voix inaudibles,

Des pensées futiles...



Des pièces sans valeur,

Des éclats sans ardeur,

Des étés sans chaleur...



Une masure de bois,

Où les mousses vertes s'accrochent,

Où le lierre danse avec les ronces,

Où le toit s’égoutte sur les pavés d’en bas.



Résonance d’un temps,

Prière d’un moment

Qui monte au firmament.



Une musique légère,

Presque aérienne,

Un tempo d’eau,

Un battement de cœur,

Un sursaut d’heures

Qui envoute,

Qui transporte.



Les nuages crèvent.

La pluie tombe.



Là, devant mes yeux

Se pose comme un jeu

La buée sur une vitre,

Alors la vapeur se diffuse

Dans l’espace des parjures.



Dans l’endroit flou

Où éclatent les billes,

Petites gouttes de pluie,

Petits morceaux de vagues évanouies

Dans les ressacs perpétuels

Des marées en mouvements éternels.



Violence des éléments,

Qui me heurte,

Qui me blesse,

Qui torture mon âme d’enfant.



Les errances des vents,

Bourrasques surprenantes,

Se fracassent sur la baie, là, devant.



Devant mes yeux qui clignent,

Je vois le monde et la ronde sans fin,

Je perçois le gris des cierges indignes.



Et les gouttes de pluies….

Qui tombent,

Et les larmes d’ennuis

Qui coulent…



Elles se collent,

Elles façonnent,

Elles modèlent

La tendresse d’un dessin humide,

La douceur d’un destin qui passe.



Évanescence fugace d’un sourire,

D’une bouche enfantine posée,

Là, devant, sur la vitre embuée,

Là, devant, sur la baie mouillée.



Et des yeux qui brillent,

Des mains qui m’appellent.

Et le grondement du ressac,

Le hurlement des bourrasques.



Des billes d’eau qui courent,

Qui tracent un chemin,

Qui sculptent les lendemains,

Et là, la buée d’une vitre

Là, au travers de la baie ouverte,

Ouverte aux passages des éléments

Qui s’engouffrent,

Qui me plaquent,

Qui m’écharpent,

Qui m’éclatent,

Qui me diluent dans la ronde du requiem.



Classique rencontre d’un opéra,

Pièce d’un musicien de choix,

Wolfgang Amadeus Mozart, je vous vois !



Là, devant, dans la buée d’une vitre éclatée,

Dans les chemins d’eau,

Dans la magie de ma folie

J’attends vos symphonies.



Et là, devant, dans la buée de la vitre mouillée,

J’entends le céleste des voix absentes,

Je devine le souffle des anges oubliés.



Et son sourire,

Sa bouche collée,

Sur la vitre mouillée

M’appelle,

M’appelle,

Et nos mains tendues se cherchent,

Et nos doigts fragiles s’espèrent,

Et le vent me repousse,

Et la pluie nous éclabousse,

Et Mozart écrit

Et la nuit fuit !



Elle entraîne ma torpeur,

Et, la pluie cesse doucement,

Et, le vent se calme lentement,

Et là, devant la vitre sèche,

Les ressacs perpétuels

Des marées en mouvements éternels.



R.B



Ecrit par Poesie Flanante
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