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Livre et CD / Contes & légendes solériens
Contes & légendes solériens
Raymond Matabosch


Type d'ouvrage: Recueil de nouvelles

Nombre de page: 142

Prix: 14.50

Date d'édition: 26/04/2011






Présentation

Les masures aux murs décrépis sont souvent ornées de plantes sauvages qui ont pris racine entre deux pierres ou dans quelque encoignure. Leur présence, sur la façade, est assez anormale mais l'aïeul, signe des temps ou ½uvre divine, les observe et les contemple comme décors naturels de sa demeure. Ainsi poussent, à l'aventure, sans que nul n'en connaisse origine, arrachées à la nuit des temps, sur le mouvement majestueux de l'histoire, ces sortes de plantes indomptées, ces récits légendaires, fabuleux et héroïques, appelées « âme » d'un village ; les légendes, les allégories et les traditions orales. Elles constituent la poésie de la mémoire locale et nourrissent dans l'échelle des temps, le plus délicat des plaisirs...




Extrait

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Il y eut, d'abord, un toussotement réprimé..., puis le silence, un froissement d'étoffe... et encore le silence. Guillaume de Vernet retenait son souffle. Il pressentait qu'un fait exceptionnel se préparait et allait se dérouler devant ses yeux. Il redoubla de vigilance.



Esclarmonde, la gouvernante, en était tout autant intriguée. Elle aussi se tenait aux aguets et les indicibles bruits suspects qu'elle avait ouïs, l'alertaient. Imperceptiblement, la crainte l'envahissait. Une peur sourde, indescriptible tant elle était ténue, montait en elle.



Cherchant secours et providence, elle posa sa main sur le bras du jeune chevalier. D'un sourire à peine esquissé et d'un clignement de paupières, Guillaume du Vernet l'invita à l'y laisser ainsi, ce qu'elle accepta, sans autre prière silencieuse, de bonne grâce, le contact de sa peau avec la douceur du tissu masculin la rassurant. Lors, le remerciant de sa sollicitude, elle lui rendit le sourire.



Soudain un bruissement arachnéen, impalpable murmure oscillatoire, ondula dans le silence réprobateur.



Les factionnaires, vaincus par les sonorités doucereuses d'une mélopée enchanteresse, ensorceleuse et féerique, céleste, divine et sublime, merveilleuse, édénique et subliminale, ne veillaient plus. Tous s'étaient endormis.



Pas tous en vérité ! Guillaume de Vernet et Esclarmonde, fouillant l'obscurité de la pièce, en quête d'indices révélateurs qui ne sauraient, s'ils n'étaient pas déjà présents, tarder devenir réalités, gardaient leurs yeux ouverts.



Il portait, sur sa poitrine, le mystérieux sachet, rapporté par Renaud, le protégeant de l'endormissement. Et la gouvernante, lui gardant le bras, en était tout aussi prémunie.



S'il devait pouvoir assister à la suite des événements, et y participer activement, qui allaient, il n'en fait aucun doute que ceux-ci se dérouleraient suivant un rite qu'il ignorait encore, il ne devait pas sombrer dans le sommeil mais seulement feindre. Aussi invita-t-il, d'un regard, Esclarmonde à agir de même.



Géralda, sortant de sa torpeur feinte, s'était soulevée sur un coude. Elle contemplait, d'un air béat, d'un œil vidé de toute substance, sa garde vaincue. Rassurée, elle rejeta ses draps de soie et, des gestes lents ponctuant ses mouvements, elle apparut toute habillée.



Pauvre Dame Esclarmonde ! Le ciel lui tombait sur la tête. La vision surréaliste de sa Géralda, en tenue de jour, s'extirpant de sa couche, elle n'en croyait pas ses yeux.



A quel jeu singulier, insolite et étrange, jouait donc la jeune fille ?



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