Présentation
Le Manṭiq al-ṭayr, (la conférence des oiseaux) d'Attar, dont je propose ici une libre interprétation, m'a tellement tenue en haleine que je n'ai pas pris garde à la longueur de mon propre texte. J'en ai supprimé quelques poèmes cependant, sans en trahir le sens.
Il était une fois... L'œuvre pourrait commencer de cette façon, puisqu'elle présente la multitude des oiseaux du monde et que ces oiseaux "parlent". Leurs portraits, leurs reflets sont les nôtres. Leur quête est la nôtre... Attar, à travers une immense mosaïque d'images et de symboles, de références aux textes sacrés, à la philosophie, aux histoires traditionnelles connues à son époque et aux fables, invite à méditer sur ce long voyage et à le suivre...
Extrait
Ce qu'on cherchait ailleurs attendait dans le cœur.
De la méditation sur le Beau, sur l'essence,
Un merveilleux recueil émet tant de lueur
Que je reviens souvent à cette conférence.
Métaphores de l'âme, autour de l'univers,
Les oiseaux curieux, différents et semblables,
En quête de Sîmorgh, se groupent dans les airs.
La huppe messagère est leur secours aimable.
Trente oiseaux seulement arrivent, survivants
De l'initiation, passant par sept vallées.
Ce qu'ils cherchent conduit leur long cheminement
De symbole en partage à travers la pensée.
Comme eux il faut mourir pour renaître. Les dieux
Ne seront dévoilés qu'après un long voyage.
La quête lumineuse au ciel du merveilleux
Se fait à l'intérieur, dans l'âme, sans nuage.
PERDU DANS L'OCÉAN DU DOUTE
Que dire en parcourant l'Histoire, jusqu'ici ?
Perdu dans l'océan du doute qui me brise,
Ai-je oublié pourquoi cette lueur exquise,
À l'Orient lointain, m'entoure et me sourit ?
Ange, regarde-moi : je cherche l'infini
Comme un aveugle assis sur sa vieille valise.
Où es-tu, mon Ami ? Tends-moi ta main promise
Et j'abandonnerai l'état qui m'avilit.
Je quitte ma maison : rien d'autre ne m'importe !
Arrive à mon secours, guide-moi vers ta porte !
Un jour dans ton jardin chasse toutes mes nuits.
J'ignore tout de toi qui parles d'un voyage
Allant vers l'absolu. Montre-moi ce passage
Étroit de mon salut, l'Amour que je poursuis.