Sonnet XLVI
par Francesco PETRARCA (Pétrarque)
par Jim
L'oro e le perle, e i fior vermigli e i bianchi,
che 'l verno devria far languidi e secchi,
son per me acerbi e velenosi stecchi,
ch'io provo per lo petto e per li fianchi.
Perὁ i di miei fien lagrimosi e manchi ;
ché gran duol rade volte aven che 'nvecchi.
Ma piủ ne 'ncolpo i micidiali specchi,
che 'n vagheggiar voi stressa avete stanchi :
questi poser silenzio al signor mio,
che per me vi pregava, ond'ei si tacque,
veggendo in voi finir vostro desio ;
questi fuôr fabbricati sopra l'acque
d'abisso, e tinti ne l'eterno oblio ;
onde 'l principio de mia morte nacque.
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L'or et les perles, les fleurs blanches, les vermeilles
que l'hiver devrait rendre languides et sèches,
sont dards pour moi, irritants, venimeux,
que je ressens au cœur et dans les flancs ;
mes jours seront pleins de pleurs et tronqués,
car un grand deuil rarement peut vieillir.
Mais plus me plains des meurtriers miroirs
qu'avez lassés en vous flattant vous-même.
Ceux-ci ont imposé silence à mon seigneur
qui pour moi vous priait : et il se tut
voyant en vous finir votre désir.
Ils furent fabriqués auprès des eaux
de l'abîme et trempés en l'éternel oubli :
de là est né le début de ma mort.
Dal canzoniere / Le Chansonnier – Partie I Ce poème a été vérifié et le contenu authentifié.
Trad. : Gérard Genot
Ed. : Aubier – Flammarion - 1969
Poème posté le 01/10/21
par Jim