Berger et chien
par Gkak
Les grands sapins s’ébrouent, lanceurs de sortilèges.
Se faufilant au ras des crêtes qui s’enneigent,
Va déferler bientôt, glacial, le vent d’autan.
L’été mourra. Déjà dans le lointain s’entend,
Lancinante douleur que nul répit n’abrège,
La complainte obstinée d’une louve et son loup.
Un corbeau lâche un cri et plonge au crépuscule.
Le ru se fait sonore. Une à une s’agrègent
Les brebis apeurées par le jour qui recule
Ou l’éboulis brutal d’un pierrier, rude arpège.
Dans l’or du soir, la laine blanche devient beige
Et le troupeau tapi parait un gros caillou.
Le silence se noue. De temps à autre expire
Le métal bossué d’une vieille sonnaille.
Soudain, envahissante, innombrable piétaille,
Les étoiles dorées incendient leur empire
Tandis que sur son herbe, invisible,un lampyre
Pose secrètement l'éclat d'un vert bijou.
※
Quand ton œil vigilant, aux sourcils en bataille,
Fixe ce pré lointain, bien plus vaste que Tout,
Où les constellations, titanesque bétail,
Soulèvent des nuées de scintillante paille,
À quoi donc penses-tu, mon fidèle Patou ?
Poème posté le 13/01/22
par Gkak