Poème Parti pris pour une frivolité d'antan : l'ombrelle par Oxalys

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Poésie libre / Parti pris pour une frivolité d'antan : l'ombrelle

Parti pris pour une frivolité d'antan : l'ombrelle
par Oxalys

par Oxalys

Femme à l'ombrelle par Claude MONET
Illustration proposée par Oxalys

(libre d'après Francis Ponge – Le parti pris des choses) Symbole du luxe et du bon goût, elle avait commencé sa carrière en tant que parure masculine, privilège des souverains et religieux car faisant obstacle au soleil lui-même pour assurer le confort de son utilisateur. A la Renaissance, le pare-soleil se féminise pour devenir la coqueluche des dames et damoiselles de haute naissance, un teint de lys attestant le privilège de l’oisiveté tandis que la carnation hâlée caractérise la populace contrainte de travailler aux champs. Ces dames, soucieuses de préserver leur pâleur aristocratique, ne sortent jamais sans avoir élu, parmi les éléments de leur garde-robe, l’ombrelle assortie à la toilette du jour. C'est qu'elle ne manque pas de raffinement, avec son armature en fanons de cétacés fixés autour d’une tige de bois précieux, parfois terminée par un pommeau sculpté d’ivoire, d’argent ou d’or. Elle se déploie en offrant un dôme de fine toile brodée festonnée de dentelle qui protège l'élégante de Phoebus assassin. Las, de nos jours, ce gracieux accessoire n’a plus de raison d’être, la mode voulant que le teint bronzé représente l’aisance sociale permettant de fréquents séjours à la mer ou la montagne. Les ombrelles ayant survécu à la folie de la modernité n’intéressent plus que de rares collectionneurs ou les musées, plus rares encore, consacrés à l’histoire du vêtement à travers les âges. Il suffirait qu’un grand couturier prenne le parti de ce mignon colifichet pour qu’il redevienne en vogue, ne serait-ce que le temps d’une saison entre deux défilés…

Poème posté le 19/09/23 par Oxalys

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