L'homme n'est pas le seul être sensible
Je me suis demandé
Si je serais capable de tuer l'animal
Qui est dans mon assiette
J'ai bien commencé un jour par écrire
Sans avoir lu un seul livre
Chacun cherche sa place
Dès que le noir efface nos ombres
Comme la flamme révèle l'absence
De ma vie je n'ai rien à dire
La tienne me parle davantage
Tu le sais bien
Par tes épaules
J'ai franchi l'épais brouillard
Et mes cauchemars se sont dissous
L'aube descend dans la vallée
De ce corps bleu
Moucheté de couleurs d'automne
Les nuages brûlent
Et mes yeux s'élèvent
Recueillir la cendre blanche
Un peu de miel de fleur d'oranger
Un rouge-gorge sautille
Sur la treille recouverte de givre
L'oranger encore vivant
Redonne des forces
À l'étoffe du poète
L'envie lèche la nature morte
Suspendue à la clef de la serrure
Arborescence
La porte s'ouvre
L'orange passe au vert
Sur ce chemin convoité
L'affolement charnel
Démarre se délie
Deux langues se musent
Parfument l’air
Jusqu'aux plis secrets
Respirent heureuses
Dénouent autant d'ombre
Qu'elles savent partagées
Autour d'elles
Entre nuit jour et nuit
La vie en soi
Sont ces bulles de tous les instants
Est-ce que je me vois
À travers elles
L'orange passe au rouge
Contre la beauté batailleuse
Au sommet d'un sapin de Noël
L'énergie se balance
Comme une pomme d'amour
Face au vent d'hiver
À cette hauteur là
Il n'y a plus d'étrange
Juste ce sentiment fragile
De feu et de glace
Qui fige l'empreinte du sang
Sur la vitrine des cœurs