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Marlou, la pipistrelle et la chouette.
par Ann


par Ann


Sans crinière ni panache, Un matou de ma connaissance Roulait carosse au creux des gouttières Comme prince de la Savane. A l'entendre, il avait tout vu, Rien à apprendre, il savait tout et plus. En leçons, il n'avait point son pareil. A l'oeuvre, ma foi, personne ne le vit jamais. Son doux minois et sa toison soyeuse Faisaient si bien illusion que le marlou Piègeait en ses filets, conquêtes Qui à ses yeux, ne valaient guère tripette Car bien vite, elles lui filaient entre les griffes. Un jour que le grippeminaud Sans raison, avait les humeurs mauvaises, Brisa nette l'aile d'une pipistrelle Pendue à la ferme de mon toit. « Voilà bien une colère dont je suis coutumier. Pour vous pardonner, je vous nomme premier ministre » Fit-il à l'animal blessé et sans plus de défense. Il fallut à la chauve-souris Pour sauver ce qu'il lui restait, se confondre En remerciement pour les largesses de son tortionnaire. Le minet terrorisait ainsi à loisir son monde, Les lerots comme les moineaux Et même les petits lézards se chauffant sur l'ardoise. Comme il ne connaissait de bornes à son domaine, Le monarque d'opérette en vint à se frotter A une vieille chouette qui ne se démonta pas Aux gesticulations du roitelet autoproclamé. C'est ainsi que la boule de poil se ratatina Les moustaches sur mon paillasson, « N'est-pas toi qui encombre mes nuits De feulements désordonnés? » fis-je - Par pitié, je suis un pauvre chat désossé, Miaula l'hirsute visiteur. - Voilà bien une aubaine qui tombe à point nommé. J'ai besoin d'un manchon pour l'hiver Qui se promet d'être rude, Le menaçai-je de la pointe de mon couteau à beurre. Rassurez-vous, je lui laisse volontiers Mon banc près de l'âtre Veillant qu'il ait moult lait et caresses, Pourvu, pourvu qu'il partage la place avec mon Médor Aveugle et sourd. Je sais que le perfide félin osa Quelques grimaces derrière mon dos. Mais sachant bien que je pourrais Par caprice lui briser l'échine, Il ronronne gentiment en mon confortable giron Pendant que les souris dansent en mon solier. C'est las le lot des lâches Que d'imposer sa loi aux seuls faibles.

Fond musical : “L’absence de Réminiscence”<br />
Compositeurs : Cire De Sacub et Yvalain


Poème posté le 14/01/18



 Poète ,
 Interprète
Ann



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