Je crois qu’il n’y a pas plus étrange magie
Que celle de l’automne au souffle vaporeux,
Quand son pinceau délie une fauve effigie
Où le soleil se mire en un jeu langoureux.
Il fait d’un paysage un ruisseau de lumière
Par un peu d’éphémère à l’envol vermillon
De feuilles papillons en danse saisonnière
Pour tisser un tapis au feu d’un tourbillon.
À l’heure de cueillir tant de fruits parfumés,
Le cadeau d’une terre aux portes de l’ennui,
Offre un joyeux festin aux rires embrumés
Dans ces petits matins érodés par la nuit.
Puis, comme par défi, oublie le froid qui vient
Pour célébrer encore, à l’aube du silence,
La vie dans sa noblesse où son secret devient
Le brame du grand cerf s’assurant descendance.
L’automne, jusqu’au bout, combattra dignement,
Se faisant un printemps des humeurs des nuages,
Généreux créateur de cet enchantement
Pour mieux nous abriter du temps des gris ombrages.