Une étoile a brillé
De ses tous derniers feux
Pour s'éteindre à jamais
Dans le néant des cieux.
Elle était bien menue
Pas plus grosse qu'un point
Et pourtant dans les nues
Ell' se distinguait bien.
Elle pouvait paraître
Falote et bien discrète
Mais pour qui savait voir
Ell' luisait plus qu'un phare
A l'image du Nord
Elle était un aimant
Pour attirer très fort
Un mari, des enfants.
Cinquante ans de bonheur
Ne durent qu''un' seconde
Quand leurs jours de douceur
Rendent si beau le monde
Bien plus fort qu'un séisme
Ou autre cataclysme,
Dès qu'elle a vacillé
Le ciel s'est écroulé.
Comme lors du big bang
Tout explose et tout tangue
Pour rester sans repère,
Effaré, solitaire.
Le ciel s'est obscurci
Faisant place à la nuit
Car le soleil lui-même
A fui de mon système:
Lors, comme au fond d'un puits,
Tout empli de mes pleurs
La douceur de la vie
A perdu ses couleurs
Cinquante ans de bonheur
Se glac'nt en un' seconde
Et les jours sans douceur
S'écoul'nt à se morfondre
Combien de candidats
Seraient prêts à signer,
Yeux fermés, un contrat
Aussi pérénnisé!
On est bien exigeant
Pour vouloir plus encore
Et quand un bras se tend
On le tir' jusqu'au corps.
Depuis ce 9 Novembre
Bien que seul dans la chambre,
Elle est toujours bien là
Au plus profond de moi:
Ces années de bonheur
Gravées là dans ma chair,
Je les porte en mon coeur
Où ell' vit comme hier.
Cinquante ans de bonheur
Gravés là dans ma chair,
La portent dans mon coeur
Vivante comme hier.
Une étoile a filé
Mais il faudra compter
Bien des années lumières
Pour qu'encore elle éclaire.
Il n'en faudra pas tant
Pour que vienne le temps
Que le corps enfin las
J' la retrouve là-bas.
La mort est désirable
Pour rejoindre son lit,
Qu'encore insépables
Nous soyons réunis.
Cinquante ans de bonheur
Sont gravés dans ma chair
Et son amour au coeur
Adoucit mon enfer.
Cinquante ans de bonheur
N'est pas l'éternité
La mort ne fait plus peur
Pour mieux la retrouver.
Une autre atmosphère que celle de ces joyeux corbillards d'antan chers à Brassens mais il faut savoir respecter et se plier à la souffrance lorsque celle-ci atteint de tels degrés.<br />
Le texte a été écrit pour partager la douleur de mon beau père à la mort de son épouse.