Barock
par Domagoj sirotinja
Obama show, part one : Yes we can !
"Monsieur Obama, quels sentiments vous traversent
dans la victoire ?
B. O. : Je voudrais tout d'abord remercier ma famille fidèle
du Kenya. Je ne les vois pas souvent, mais leur soutien
par satellite me donne l'envie d'aller vers eux.
Mes pensées malheureuses vont vers ma grand mère
décédée, à qui je dédie cette victoire, et ce noir qui l'effrayait
tant... Après deux ans de courses je suis dans tous mes états,
et je remercie chaque citoyen lambda, chaque ménagère
du Texas, chaque Indien de l'Alaska, pour ce soutien
déterminant. Mais ouvrez grand vos oreilles de scout !
Mes pensées vont droit dans le ventre des médias auxquels
vous appartenez car vous avez monté la sauce en rouge
parce que je suis noir ; j'aurai presque voulu être un chinois
afin de rouler comme un rouleau de printemps vers l'élection.
Vous nous aviez dit qu'un Arabe, inconnu du grand monde
jusqu'alors, peut-être le demi-frère de Mac Gyver,
avait détourné des avions dans les soeurs jumelles.
Vous nous aviez dit que l'Irak et l'Afghanistan seraient
des poisons pour cette générations d'américains qui a vu
s'effondrer les tours.
Vous m'aviez prédit qu'étant noir je serai difficilement élu
par le peuple américain, qui comme on le °sait° en dehors
des States, passe pour bête et méchant. Moi je déclarai
avec fermeté que la couleur de ma peau non rédhibitoire
et non exhaustive affirmait ma volonté de changement.
Mais vous avez continué à percer ma carapace
avec la minutie d'un chant grégorien. J'ai cru en mon étoile.
Maintenant je suis le 44ème président des Etats-Unis.
Alors au fait qu'en pensez-vous ?
- Merci Monsieur baobab et bonne journée à vous.
- J'ai bien entendu ?
- Monsieur baobab merci encore !
- Et ça vous fait rire ..."
Cela n'a pas fait rire Monsieur Obama.
Le journaliste est rentré chez lui avec quelques dents en moins
Obama show, part two : Inedependence day
Quelques semaines plus tard... Washington - USA
Obama est aux anges et livre un de ses discours
dont il a le secret, précieux comme le bon vin.
B. O. : "Merci à tous et à toutes de venir respirer ce vent
nouveau, à ceux qu'on ne voit pas, à ceux morts d'avoir
trop aimé la tolérance. Merci vraiment.
Aujourd'hui, devant cette foule immense, devant nos pères
fondateurs, James Brown, Ray Charles et Miles Davis,
ô sainte trinité ! Devant ma femme Michelle qui m'est témoin,
ma black panther ! Devant la maison blanche acquise
d'une main d'espoir, au coeur d'un pays qui émerveille
par sa diversité autant qu'il effraie par sa puissance, moi,
Barack Obama, fils spirituel de John Fitzgerald Kennedy,
témoin de la bible d'Abraham Lincoln, président du sucre
et du sel,
jure d'être solide de constitution face au défi économique et démographique,
jure d'être solide de constitution face au dépit des banques,
jure d'être solide de constitution face au chagrin des anciens du Vietnam,
jure d'être solide de constitution face à la dictature des rabbins d'Israël,
jure d'être solide de constitution face à Poutine et son poulailler,
jure d'être solide de constitution face à Monica Lewinsky.
Je vous promets d'instaurer la démocratie dans notre pays
magnifique. Je promets aussi que, nous, Américains, allons
réfléchir au problème des énergies renouvelables,
notamment au Coca Cola qui pourrait être supplanté
par le Canada Dry dans les cinq ans à venir.
Je promets que mon chien Casablanca sera à l'égal
de mon image, métissé, ambitieux, ne projetant ses besoins
que sur les territoires conquis."
Le journaliste, avec quelques dents en moins ...
"Extraordinaire ! Le président promet monts et merveilles,
quel homme de volonté !! L'avenir lui donnera tort ou raison.
La seule certitude dont nous disposons c'est que le discours
de Barack Obama a redéfini les formes du baroque."
@ Edi Sorić
Poème posté le 14/11/14