Poème T'inquiète donc pas, Kevin par Banniange

Accueil ☰

Poésie libre / T'inquiète donc pas, Kevin

T'inquiète donc pas, Kevin
par Banniange

par Banniange

"La ronde des prisonniers". par Vincent VAN GOGH
Illustration proposée par Banniange

T'inquiète donc pas Kevin, Quand tu sortiras d' St Gilles*, Ce cancer carcéral putride, Tu retrouveras ton banc public, Tout vermoulu, plein de dégueulis, On n' s'y bécote plus comme Georges l'a dit. Tu traîneras tes guêtres de margaille En mendiant un boulot de mandaille Mais avec ta tronche de péquenot Et ton blase de limaçon, Il te fera pas de cadeau, Tu bosseras parfois en black Dans des troquets bourrés de mac, Tu t' feras pincer par les homards, Non les poulets, là, j' m'égare. T' auras trouvé une piaule chlorotique Tapissée de cafards pornographiques, T' auras même des copains à queue molle, Des rats goûtant tes chiffons pouacreux, T'auras pas droit à une gonzesse A part la gueuze des mercenaires Mais comme t'es pas communiste Tu swingueras seul avec ton dard. T' iras revoir tes vieux mégots Qui ont donné leur ciboulot A Alzheimer, ce sale pervers, Big boss du barnum des p'tites soeurs, Quant aux frangines et frérots Ils ont tété le même sirop, Et sont partis incognitos A la poursuite des vermisseaux. Parfois t' as appelé La Faucille, Une aide soignante aux dents de scie, A coup de cutter ou de pastilles Mais les blouses blanches t'ont baxtérisé Pour te replonger dans l' fossé Où les blousons noirs te reluquaient Dans ce purin des mal-armés. T'inquiète donc pas Kevin, Tu referas bientôt le boucardier, Au castuc palace, on t'attend, On a gardé ta paillasse au chaud, Toute frémissante d'asticots, Tu pourras pêcher les arêtes D'une morue à barbichette En sifflotant comme un moineau Dans ta cage aux fringants balançons Car ici quand a goûté, On revient toujours déguster, J' sais pas si on peut parler d'amour Mais on est fidèle en claustration. T'inquiète donc plus Kevin, Ici, t' es chez toi, Les matons, les tontons et tantouzes, Les pédos, les momos, les zozos, Les glissants, les prozacs, le picton, On t'a à la bonne, mon cochon !

Chaque année l'observatoire des prisons belges remet un rapport accablant sur les conditions d'incarcération et les échecs des politiques de réinsertion mais rien n'y fait, la justice s'en balance...<br />
*Prison particulièrement sinistre de Bruxelles.

Poème posté le 23/04/18

Poète

Banniange

Sa carte de visite Cliquez ici pour accéder à la carte de visite de l'artiste (Sa présentation et l'ensemble des ses créations)