Le bol blanc
par Schizombre
Tranquille, dans la cuisine, je brassais mon maïs,
Un peu de sel, du poivre, vinaigre et huile de noix.
En un bol blanc d'humeur je brassais mon maïs,
Sans trop penser aux heures, aux joies du célibat.
Attendant que la soupe, de cressons et lardons,
S'échauffe sur céramique et me boue sa souffrance
En même temps qu'une saucisse prenait l'onde en patience,
Je brassais mon maïs en un bol d'émotions.
Après son râle de mort, j'ai coupé ma saucisse,
L'ai jetée en pâture au bol blanc de saveur,
Et avec ou sans elle, je mangeais mon maïs.
Et la soupe étouffait quand j'eus le dernier grain.
Alors, soucieux d'un rien, j'ai lavé mon bonheur
En rinçant le bol blanc au papier de ma main.
Mais le papier était noir, difficile que je le loupe...
Pourtant je n'y avais mis que du poivre blanc.
La poussière de mon cœur ? Puis j'ai versé la soupe...
Et plutôt deux fois qu'une, je l'ai bue sans un blanc.
L'estomac se régale à la barbe du mélange
Car il oublie l'angoisse encore quelques bonnes heures
D'être seul en ce monde, abandonné des anges.
Et le bol dégoutant déprime à la fenêtre
Sur un marbre trop froid qui lui vole sa tiédeur,
Oublié par un homme pour le plaisir de l'être.
Poème posté le 06/02/09