Poème Humeur noire par Banniange

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Humeur noire
par Banniange

Les voilà bien en peine, ces vaillants cygénéticiens, Nos impavides régulators des biotopes en surchauffe Se trouvent très chagrins, Les espèces à protéger prolifèrent Et leurs fusils se rouillent en bandoulière... Quoi! L'aigle royal, cet altier monarque, Echappe aux balles des chasseurs républicains, Le gorille, cet obscène exhibitionniste, Ne peut plus être tranché pour décorer Les livings comme masque ou cendrier, Plus question d'arracher les cornes sanguinolentes A ces mastodontes aux oreilles grotesques Qui éventent les étoiles ! Interdiction d'éviscérer les baleines bossues, Ces bruyants vandales des océans, Pour en extraire le luxueux spermacéti Dont raffolent nos Vénus en fourrure. La hyène ricane, on ne peut plus la malmener, Cette charognarde puante ! Le manchot lui applaudit, le voilà préservé, Le zèbre ne doit plus se cacher derrière des barreaux, Il est gracié, Le renard, cet abominable déprédateur Des basses-cours au pelage convoité, Peut narguer le pisteur, Le caméléon ne doit plus se camoufler, Le puma, le tigre, le lion, la panthère N'orneront plus les cheminées, Le mouflon va crotter librement En patinant sur les glaciers, Et qui encore, le crocodile, l'écureuil, Le castor, le fourmilier, allons cessons ce cauchemar, Pauvres giboyeurs, aboyez à la lune ! Mais on nous dit, in petto, que l'Europe, Terre bénie des droits de l'homme, Vient d'accorder le permis de chasser Une nouvelle espèce, particulièrement nuisible : Les migrants! Félicitons nos gouvernants de cette initiative Qui ravira tous les amateurs de vénerie: Xénophobe obèse, raciste maniaque, Patriote compulsif, nationaliste goitreux, Chauviniste sans perruque, ségrégationniste grégaire, Suprématiste en tutu, skinhead en béquilles Névrosé des Bermudes, E.T. des stations balnéaires, Sumotori des HLM, godemichétiste des Luna park, Homophobe des fonds marins, phallocrate à bretelle, Serrurier voyeur, mythomane agréé, sycophante visqueux, Vous, braves et honorables citoyens gavés d'inepties contagieuses, Unissez-vous ! Défendons notre espace vital, nos nations en péril Qui, bientôt, ne seront plus qu'un immense désert Peuplé de scorpions hilares et de chasseurs Ne sachant plus chasser!

Poème posté le 06/09/18 par Banniange

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Banniange

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