Sous ces yeux « révolver » brille un profond bleu-vert
Je n’ai jamais vu d’yeux comme ceux-là, c’étaient
Ceux d’un Monsieur très proche de la terre battue,
Au regard « livre ouvert » décrivant tous les été,
Automne, hiver, printemps ne parlant que nature !
Si parole paraît sourde à notre regard
Le sien palpite et rythme un cœur en mouvement
Délivrant ses secrets ; rien pour lui n’est bizarre
Car son cil applaudit à chaque battement.
Mon oreille en suspend ne perçoit que sa vue
Qui mime, peint, repeint tous les sens de la vie ;
Tout est soleil, crépite avec l’accent du sud
Et reste innocemment toujours vermeil d’envie!
Une des cinq richesses à genoux sur regard
Son Âme en va-et-vient communique les choses
Qui sortent du dedans au profit d’un égard
Alors que pour cet être une paire d’yeux cause !
Il a septante-cinq ans, une petite taille,
Droit comme un « i » alerte plus qu’un jeune.
Je l’ai vu qu’une fois avec scie et cisaille
Au début d’un automne, jour bénit après jeûne* !
En deux, trois mouvements il a pris son échelle
Est monté à huit mètres assuré d’habitudes,
Armé de précautions, muni de deux ficelles.
Il a scié la branche, déchirée sans vertu
Par le vent sous l’orage, ne tenant qu’à moitié.
Le chêne supplicié se mourait de douleur
Quoique béni de pluie, il n’a jamais crié
Sauf au dernier moment son râle fût malheur !
Je n’ai jamais vu d’yeux pareils qui activent le temps ;
Ils chantent, dansent aussi, voyagent et naviguent
Scrutent l’horizon sans fin, sa ligne se mouvant
Sous viseurs pleins d’émoi ne craignant pas vertiges ;
Il ose les plonger sans animosité,
Refrise le dehors, entretient l’usufruit,
Lustrant le teint du pain aux pieds abandonné
Ses yeux sont un aimant qui nourrit le profit.
Polymnie, 25 avril 2015.
Echelle = (triple mais il fallait deux hommes pour la mouvoir)
Ficelle = grosses cordes
Cisaille = : tronçonneuse