Lazare, viens dehors, viens vite à la lumière,
Sors de cette tombe où t'enferme ta misère,
Viens Lazare, quitte ce manteau de ténèbres,
N'écoute plus le cri des corneilles funèbres.
Depuis quarante années, dans la nuit éternelle,
Tu creuses des puits morts pour cacher ta frayeur,
Depuis quarante années, du haut des citadelles,
Tu scrutes l'avenir où règne la terreur.
Car tu hantais ta vie comme un spectre mourant
D'avoir fui chaque jour cet unique présent
Quand l'aurore levait en soufflant les étoiles
Ces frêles corolles où tant d'amour s'exhale.
C'est le chant du monde qui renaît au matin,
C'est un choeur infini qui enchante les mers,
Lazare, viens dehors, viens contempler au loin
Les cascades de feu répandre leur lumière.
Tu verras des enfants, parcourant les déserts,
Tournoyer sans fin sur d'immenses arcs-en-ciel,
Tu verras, Lazare, comme la vie est belle
Pour ceux qui ont franchi la furieuse rivière.
Tu verras, Lazare, les fleurs s'épanouir
Pour tous ceux qui ont vaincu la peur de mourir.