Steve mon voisin, mon ami
Te voilà dans ton lit allongé comme la rivière
Ou le vent d’autan dans les crinières
En silence de son bec d’airain la vie
Pour toi a lissé sa dernière plume cette nuit
La vie cette belle prairie fleurie
Dont rêvent tant les labours profonds
Ton dernier souffle tel le chardon
A vidé sa fleur dans le vent d’automne
Et dans les charpentes du ciel monotone
S’est posée une infime partie de temps
Avec patience un autre destin l’attend
A jamais les souvenirs en ma mémoire
Comme les bêtes à leur mangeoire
Ruminent calmement leur foin éternel
Ou comme des arbres somnolents qui
D’un coup secouent leurs têtes de soleil
Il n’y aura pas de souvenirs sans abri
Ils sont offrandes à tous tes parents
Aucun n’a la pointe acérée des épines
Ils sont plutôt comme des aigles géants
Majestueux rasant le flanc des collines
L’herbe du jardin peut bien enfouir tes pas
Ou tes pas se perdent dans les bruyères
Et les soleils matinaux refermer leurs bras
Et même s’il pleut au travers mes paupières
J’entends encore le cœur ouvert du piano
Qui m’arrive dans sa langueur de troupeau
J’entends encore tes rires tressés dans la nuit
J’entends aussi tes premiers silences
Ton ultime combat contre l’absence
Cette lutte éperdue sur la margelle du puits
Dans la forêt, du printemps à décembre
Je suivrais ta marche de cendres
14/10/2018