Les gens au cimetière écrivent une histoire,
Celle des jours passés et des vieux souvenirs,
Avec d’anciens regrets, d’indicibles plaisirs ;
On imagine ainsi tant de choses à croire,
Un monde à inventer pour chaque disparu
Quand repasse à nouveau tout le temps parcouru.
Il revit quelquefois le chemin parcouru,
Ramenant avec lui les bribes d’une histoire
Et l’on reparle avec l’âme d’un disparu,
Lui qui sait évoquer nos nombreux souvenirs ;
On se remet ensemble et l’on se met à croire
Qu’on peut repartager tous nos anciens plaisirs.
On erre avec ferveur sur de défunts plaisirs
En constatant, hélas, tout le temps parcouru
Quand la mort a gagné ; on fait semblant de croire
Qu’il est temps à nouveau de refaire l’histoire,
Face à ce tombeau gris, devant nos souvenirs,
Par un appel du pied, hommage au disparu.
Quand, d’entre les tombeaux, renaît un disparu,
Celui qu’on entrevoit entre douleurs, plaisirs,
Il nous revient alors des tas de souvenirs,
Le sentier incertain qu’on avait parcouru,
Un roman un peu fou, cette drôle d’histoire,
Comme un conte de fée auquel on voudrait croire.
Car le temps ennemi bien souvent nous fait croire
Qu’il était presque un saint notre cher disparu,
Que lui seul a écrit une sublime histoire,
Entre vie exemplaire et quelques sains plaisirs.
À présent le voilà, ce sentier parcouru
Dans le silence épais des lointains souvenirs.
Soudain la nuit est là, dessus les souvenirs
Et l’ombre d’un cyprès nous fait cesser de croire
Au passé qui revit ; les ans ont parcouru
La route inexorable avec le disparu,
Compagnon d’une vie aux délicats plaisirs,
Tout ce qui fut pour lui le cours de son histoire.
Revivons cette histoire
Faite de souvenirs,
De malheurs, de plaisirs,
Celle qui nous fait croire
Qu’on voit un disparu
Dans le temps parcouru.